Jonathan Couture, conseiller numérique : “ Ils n’ont plus les mêmes réflexes quand c’est du numérique”
Rencontré pendant Numérique en Commun[s] (NEC) à Bordeaux, Jonathan Couture nous a parlé de son expérience auprès d’un public senior et du contenu de ses ateliers sur la cybersécurité.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis officiellement conseiller numérique depuis le 1ᵉʳ septembre de l’année dernière, mais j’exerçais déjà en tant que médiateur numérique depuis quasiment cinq ans au sein du CCAS de la ville d’Agen où je suis toujours.
Avec quel type de public travaillez-vous ?
Je travaille exclusivement avec des seniors. L’espace numérique où je travaille est ouvert à tous les publics, mais ce sont uniquement des seniors qui viennent me voir.
Quelles sont les principales difficultés des seniors ?
Leurs principales difficultés sont souvent directement liées au fait qu’elles n’ont jamais eu l’occasion de toucher un ordinateur, une tablette ou un autre appareil numérique. Dans ce cas, je les accompagne sur des ateliers d’initiation pour leur apprendre les bases. Ce public rencontre également une autre difficulté : la sécurité. Je propose donc des accompagnements pour les aider à reconnaître une arnaque en ligne, à sécuriser leurs appareils et leur apprendre de bonnes pratiques.
À ce propos, comment les sensibilisez-vous aux arnaques en ligne ?
J’essaie de prendre des exemples concrets de ce qui pourrait se passer dans la vie parce que, très souvent, les gens ont des réflexes au quotidien, mais n’ont plus du tout les mêmes quand il s’agit de numérique. Je leur demande donc d’appliquer ce qu’ils font eux-mêmes dans la vie courante et de faire preuve de bon sens. Je leur propose aussi une approche ludique en utilisant un jeu qui est mis au point par Google dont le but est de les aider à reconnaître des situations de phishing, ou hameçonnage en français. Cet exercice leur permet notamment de mieux identifier les arnaques par mail et liens douteux. Enfin, je leur explique comment sécuriser leurs appareils pour naviguer sur internet en toute sérénité.
Concrètement, comment reconnaît-on de l’hameçonnage ?
Il y a plusieurs astuces. Généralement, quand il s’agit d’un mail, je conseille toujours de regarder comment est écrit le mail de l’expéditeur puisqu’en fonction du mail, on peut avoir déjà beaucoup d’informations. La difficulté est que les mails d’arnaque reprennent les chartes graphiques des organismes officiels. Il n’y a pas non plus de fautes d’orthographe ou de formulations, c’est devenu plus difficile de les reconnaître. Il est donc essentiel de regarder l’adresse de l’expéditeur. Je leur conseille évidemment de ne jamais cliquer sur les liens présents dans les mails douteux, mais plutôt de le survoler avec la souris et de lire l’URL qui apparaît. Pour finir, je les invite très souvent à copier le lien et à le coller sur un site internet qui s’appelle « Should I click ». C’est un site qui permet d’analyser le lien et de vérifier sa fiabilité.
Recevez-vous beaucoup de personnes sur cette problématique ?
Oui, j’ai reçu quelques personnes qui ont subi des arnaques et qui ont perdu beaucoup d’argent. Dans ce cas, c’est la double peine, car il y a l’arnaque en soi et le fait de s’être fait avoir. J’aide donc ces personnes après coup, mais je fais également beaucoup de sensibilisation pour éviter que ça n’arrive à d’autres personnes.
Avez-vous assisté à des ateliers au NEC ?
Oui, j’ai notamment assisté à celui sur les données liées à l’inclusion numérique : ce qu’on peut faire de ces données et surtout ce qu’elles nous apprennent. On s’aperçoit par exemple que sur le territoire d’Agen, c’est principalement la population vieillissante qui est en retrait du numérique ainsi que les jeunes. Il y a donc une fracture très nette sur ces deux tranches d’âge. Un constat que l’on fait aussi bien au niveau local que national lorsqu’on compare l’ensemble des départements.
Propos recueillis par Coline Olsina
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