Dominique Levoir est conseiller numérique dans le territoire des Hauts-de-France pour la Croix-Rouge française. Il nous raconte son parcours et la vision qu’il a de son métier.
Pourquoi et comment êtes-vous devenu conseiller numérique ?
Avant de travailler dans la médiation numérique, j’ai travaillé vingt ans pour un opérateur téléphonique. Quand il y a eu un plan de départ volontaire, je suis devenu conseiller en insertion professionnelle pendant deux ans. Lors de cette étape, je me suis aperçu qu’il y avait de grosses problématiques en termes de numérique, notamment chez les jeunes qui rencontraient des difficultés quand il s’agissait d’envoyer un CV, une lettre de motivation… Quand j’ai vu la création de postes de conseillers numériques, je me suis dit pourquoi ne pas allier les deux : utiliser mes compétences de conseiller en insertion professionnelle et les lier à mes compétences dans le numérique. Je suis donc devenu conseiller numérique pour la Croix rouge française en décembre 2021.
Comment se passent concrètement vos missions ?
J’interviens sur les huit unités locales de la Croix-Rouge française du Pas-de-Calais, ce qui fait un territoire qui s’étend de Boulogne-sur-Mer, Calais, jusqu’à Arras. C’est un grand territoire. Je dispose d’un véhicule de service confié par la Croix-Rouge française pour me déplacer. À Saint-Omer, par exemple, j’accompagne des publics migrants. Nous faisons notamment de l’aide aux droits. Et puis, à Bruay-La-Buissière, la médiathèque accueille des ateliers collectifs. Cela permet aux personnes de ne pas se sentir jugées, de se sentir plus en confiance quand elles viennent, car elles sont entourées d’autres personnes. Je bénéficie aussi de l’appui du personnel de la médiathèque pour faire venir du monde, ce qui nous permet d’avoir plusieurs typologies de personnes dans les ateliers. Même si ce sont des ateliers numériques, c’est d’abord les relations humaines qui comptent et qui sont plébiscitées. Je me suis aperçu que le principal frein est le fait que les personnes n’osent pas avouer qu’elles ne savent pas. Il faut vraiment les rassurer, leur montrer qu’elles ne seront pas jugées.
À quoi ressemble le public que vous accompagnez ?
Ce sont des personnes qui sont accompagnées par la Croix-Rouge française d’abord pour des besoins primaires, pour se nourrir, pour s’habiller. Toutes n’ont pas la sensation d’avoir des besoins au niveau du numérique. C’est quelque chose que j’ai dû faire entrer dans les esprits. Je m’appuie notamment sur les bénévoles pour faire passer le message. C’est un public hétérogène dans l’ensemble. Je peux avoir des migrants qui sont accompagnés par la Croix-Rouge française dans la maîtrise du français. Je peux avoir des personnes envoyées par la médiathèque. Souvent, ce sont des personnes relativement âgées et qui ont perdu le lien avec la famille. En bref, des personnes accompagnées par la Croix-Rouge française, des personnes en situation de fragilité.
Pouvez-vous nous raconter une anecdote d’un accompagnement qui vous a particulièrement marquée ?
C’est un monsieur que j’accompagnais à la médiathèque de Bruay-La-Buissière, ce monsieur avait perdu malheureusement son épouse depuis peu de temps, ses enfants se sont éloignés et il s’est présenté à moi d’abord pour parler, pour trouver du réconfort. J’étais content de pouvoir lui apporter ce contact humain et de l’aider à gagner en autonomie dans la prise en main du numérique. Quand il y a eu l’événement le “Numérique en Commun” organisé à Lens, nous avons accueilli le ministre de la transition numérique pour l’occasion et ce monsieur était très touché d’être invité à ce moment-là aussi, et de voir le ministre.
Vous faites partie d’un “grand réseau”, la Croix-Rouge française. Qu’est-ce que cela implique pour votre travail de conseiller numérique ?
C’est mettre en avant les valeurs de la Croix-Rouge française : la bienveillance, l’empathie, l’écoute. C’est valorisant. On bénéficie de la force de frappe de l’association et cela nous oblige à avoir une attitude irréprochable. Dans mon esprit, mon travail c’est une mission d’utilité publique davantage qu’un emploi.
Quelles sont les réactions que vous avez des usagers en général ?
Les usagers sont satisfaits dans l’ensemble. En revanche, l’autonomie met beaucoup de temps à venir. Pour apprendre, en effet, il faut pratiquer, or beaucoup de personnes ne disposent pas de matériel informatique, de connexion internet… Ils n’ont pas forcément la possibilité de pratiquer chez eux, ce qui complique donc la possibilité d’être autonome.
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