Depuis plus d’un an, Maya Beauclercq est conseillère numérique au sein de l’Union Cépière Robert Monnier de Toulouse où elle propose des ateliers pour les publics dits “fragiles”. Une pratique singulière dans le domaine de la médiation numérique qui nécessite une pédagogie adaptée.
D’abord animatrice multimédia pendant six ans à Bruxelles puis photographe indépendante pendant deux ans, rien ne prédestinait Maya Beauclercq à exercer auprès d’un public fragile. C’est à l’occasion d’un projet photo réalisé avec des demandeurs d’asile qu’elle se rend compte que c’est avec ce public qu’elle souhaite travailler et que ces rencontres sont pour eux des moments de respiration : “J’avais envie d’un nouveau challenge dans ma carrière et je voulais aussi me rendre utile en aidant les personnes à retrouver leur autonomie”.
Exerçant au sein de la filière d’inclusion socio-linguistique de l’UCRM, Maya accompagne aussi bien les personnes allophones que les personnes cérébro-lésées : “Il s’agit de personnes qui ont des lésions cérébrales suite à un accident ou à un AVC. Ces personnes rencontrent des problèmes de mémoire, mais aussi des problèmes visuels et auditifs”. Quel que soit le public auquel elle s’adresse, la mission de Maya est de leur apprendre à utiliser ou à réutiliser les outils numériques afin de favoriser leur insertion socio-professionnelle. “Ça va beaucoup plus loin qu’un accompagnement numérique. Mon but est de leur redonner confiance en eux, de leur montrer que malgré leurs difficultés, ils sont capables d’être autonomes”.
Une pédagogie adaptée
“Je me suis vraiment rendue compte que pour les personnes en situation de handicap, une heure d’atelier devant un ordinateur c’est trop”. Au fil de son expérience sur le terrain et grâce à ses collègues formatrices FLE (Français Langue Étrangère) spécialisées dans l’alphabétisation, Maya Beauclercq est parvenue à mettre au point des ateliers adaptés. “J’ai compris que c’était mieux de commencer l’atelier en s’asseyant tous ensemble autour d’une table et de leur proposer de participer à des jeux ludiques pendant dix minutes, une demi-heure”. Une façon de désamorcer les craintes quant à l’utilisation des ordinateurs et d’initier la séance par un moment de convivialité et de plaisir.
Le photolangage est au cœur de sa pédagogie. “Je procède par analogie. Je pars de la fonction d’un objet dans la vie réelle et je le compare à son équivalent sur ordinateur. Par exemple, un dossier sert à ranger des fichiers donc sur l’ordinateur, c’est la même chose. Ou encore, je leur amène un trombone et je leur montre qu’il sert à attacher des documents ensemble. De cette façon, ils mémorisent comment on joint un fichier dans un mail.” Pour ces personnes qui ne savent pas ou plus nommer les choses, le visuel est essentiel pour comprendre et mémoriser le lexique numérique. Maya Beauclercq l’a bien compris, et pour cette passionnée de photographie et d’image, cette méthode donne un sens supplémentaire à son parcours professionnel.
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