Laura Hérail et Richard Marquis, coordinateurs : “Cette circulaire arrive à point nommé”

Thématique(s) : Inclusion numérique
Type(s) de média : Coordinateur Interview Parole de conseiller Paroles de conseiller Portrait
Le 13/02/2024

Rencontrés pendant le NEC à Bordeaux, Laura Hérail et Richard Marquis ont accepté de nous parler de leur action dans le Maine-et-Loire et de la manière dont ils ont reçu la circulaire France Numérique Ensemble.

Pouvez-vous vous présenter ?

Laura Hérail : Je travaille pour la Fédération des centres sociaux du Maine-et-Loire et de la Mayenne. J’anime depuis quatre ans et demi le réseau Cyb@njou qui est composé de médiateurs numériques et de conseillers numériques sur le département du Maine-et-Loire.

Richard Marquis : Je suis chargé de projet de médiation numérique au syndicat Anjou numérique dans le Maine-et-Loire et j’accompagne les collectivités dans leur politique d’inclusion numérique à l’échelle du département.

Selon vous, quels sont vos défis en tant que coordinateur sur votre territoire ?

RM : Selon moi, le défi dans le cadre du projet du syndicat, c’est d’accompagner la structuration des territoires sur leur politique d’inclusion numérique. Notre action consiste donc à aller au-devant des territoires qui, aujourd’hui, ne sont pas structurés dans la médiation numérique. Grâce au travail des conseillers numériques et des acteurs de terrain, notre but est de faire en sorte que la médiation numérique se structure, qu’elle devienne pérenne et qu’il y ait une offre au plus près des habitants. L’idée est aussi de penser des parcours usagers en s’appuyant sur les acteurs locaux : les conseillers numériques, mais aussi les France Services, les accueils des mairies, les travailleurs sociaux. En somme, de construire un parcours usager d’accompagnement numérique à l’échelle de chaque territoire.

LH : De notre côté, l’enjeu va se recroiser plutôt sur le volet professionnel. Le but du réseau, c’est vraiment de faire se rencontrer conseillers et médiateurs numériques, qu’ils puissent faire du lien entre eux afin qu’ils ne se sentent pas isolés sur leur territoire. Il faut qu’ils puissent aussi monter en compétences et échanger sur leurs pratiques de façon régulière, parce que la thématique du numérique évolue énormément. Ces temps d’échanges sont essentiels pour aborder des problématiques communes dans l’accompagnement aux usages. Après, comme le projet du syndicat, il y a un enjeu important à faire reconnaître ce métier de médiateur numérique pour trouver des financements pérennes et mieux structurer l’action locale. 

Jusqu’à présent, quelles sont les différentes actions que vous avez mises en place ?

RM : Pour vous répondre, il est important que je vous fasse un petit peu d’histoire sur la question dans le Maine-et-Loire, parce que c’est un peu atypique. En fait, il y a déjà une antériorité dans ce département qui, depuis plusieurs années, travaille sur la question de l’inclusion numérique. En 2018, il y a eu la première feuille de route nationale pour un numérique inclusif. Cette feuille de route a résonné avec des dynamiques qui existaient déjà, portées notamment par les centres sociaux, par des acteurs associatifs du territoire, par des collectivités, et a permis de les réunir au sein d’un collectif qu’on a appelé la Mednum 49. Cela a permis d’engager un dialogue entre tous les acteurs et de penser des actions de médiation numérique coordonnées à l’échelle départementale, plutôt que de continuer à travailler chacun de son côté, car à l’époque, c’était déjà un problème. Cette feuille de route a vécu de 2019 à 2022. Il y a eu ensuite une nouvelle feuille de route départementale élaborée en 2022, qui va courir pour les années 2023-2025, dont le but est la structuration de la médiation numérique à l’échelle locale. Quand on a vu arriver la feuille de route France Numérique Ensemble, on s’est aperçu qu’on faisait déjà un certain nombre d’actions qu’elle préconise : engager un collectif d’acteurs sur une feuille de route, mettre un protocole d’accord financier, animer le réseau. 

LH : Concrètement, sur les actions que l’on a mises en place, il faut remonter à 2019 avec un premier travail qui a été fait sur l’identification des structures du territoire qui accompagnent aux usages numériques. On a donc créé à ce moment-là une cartographie, mais aussi une base de données, qui est aujourd’hui enrichie régulièrement, dans le cadre de la seconde feuille de route sur les structurations locales. Il y a eu tout un travail autour du développement du réseau. Un réseau préexistait, mais il était informel. On a donc dû aller vraiment à la rencontre des structures pour les remobiliser et les redynamiser. En parallèle, nous avons accompagné le déploiement du dispositif Conseiller numérique quand il est arrivé en 2019. Enfin, c’est important de parler de notre action pour la formation, puisqu’il y avait vraiment un enjeu à créer une culture commune autour de l’inclusion numérique sur notre territoire. C’était essentiel de former les élus à comprendre ce qu’est l’inclusion numérique, et de les aider à se projeter sur leur territoire avec ces évolutions numériques. On a ensuite étendu cette formation aux travailleurs sociaux qui sont aussi concernés par la question. 

Pouvez-vous me parler du programme France Numérique Ensemble ?

RM : Quand cette circulaire est sortie, on a tout de suite fait le parallèle avec le travail qu’on était en train de mener depuis plusieurs années. On s’interrogeait surtout sur la gouvernance, et finalement cette feuille de route sera copilotée par le conseil départemental, la préfecture et la Mednum 49. Une autre question importante dans cette circulaire concerne l’ingénierie financière et la coordination. Pour ce qui est de la coordination, on va essayer de faire valoriser nos deux postes qui existent et sont complémentaires. Et concernant le protocole financier, on va demander aux partenaires de dire comment ils vont s’engager financièrement. Dans notre territoire, ils sont déjà engagés depuis quatre ans pour financer une partie de la coordination à l’échelle du territoire. Donc quelque part, cette circulaire arrive à point nommé et va pouvoir donner un petit coup d’accélérateur sur ce qu’on fait à l’échelle départementale. 

LH : Le travail qu’on va avoir, c’est vraiment de prendre les objectifs de la FNE et de les comparer à ceux de la feuille de route qu’on a écrite en 2022 pour voir s’il y a des compléments à apporter ou des choses à réécrire ou à amender à la marge. De ce qu’on a pu lire aujourd’hui de la FNE, on est à peu près dedans, donc c’est assez positif pour nous de ce point de vue-là. 

Propos recueillis par Coline Olsina

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