Sensibiliser les jeunes aux risques liés au numérique

Thématique(s) : Jeunes Prévention
Type(s) de média : Interview Paroles de conseiller
Le 30/01/2023

Cassandra Lefebvre est conseillère numérique France Services au Relais Social d’Amiens. Depuis septembre dernier, cette jeune conseillère de 21 ans anime également un atelier sur la “santé numérique” à l’Institut Médico-Éducatif de Dury auprès d’un groupe d’adolescents âgés de 14 à 17 ans. 

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’on entend par “santé numérique” ?

Quand on parle de “santé numérique”, on parle aussi bien des bienfaits du numérique sur notre quotidien, ce qui nous facilite la vie comme le télétravail, les démarches en ligne, l’e-commerce, que de la prévention quant aux risques liés au numérique. Dans ce cas, il s’agit de prévenir le public quant à une exposition trop longue aux écrans, aux arnaques en ligne, aux virus, au cyberharcèlement… Voilà, ça mêle un peu ça, c’est assez vaste !

Comment abordez-vous ce sujet avec des adolescents ? 

De nos jours, les adolescents sont constamment connectés mais du fait de leur âge et de leur utilisation des outils numériques, ils ne sont pas soumis aux mêmes risques que les adultes. Je choisis donc en priorité des thématiques susceptibles de les concerner comme le cyberharcèlement, les fake news, ou leur rapport à la pornographie. On fait une grosse prévention sur ce dernier car cela concerne aussi bien le risque que des mineurs soient la proie d’adultes malveillants que le chantage qui peut s’installer entre mineurs où l’un demande de l’argent à l’autre afin de ne pas diffuser une photographie compromettante, c’est ce qu’on appelle le “revenge porn”. 

En consiste vos ateliers ? 

Pour tout ce qui concerne la prévention, je travaille avec les jeunes en leur faisant faire une bande dessinée. C’est un exercice ludique, sympa et accessible. À chaque séance, qui dure environ 1h15, on travaille ensemble sur la manière dont on peut amener le sujet, on réfléchit à une situation qui illustre bien la problématique, et ensuite je divise le groupe en deux. Il y a actuellement quatre garçons donc il y en a deux qui dessinent – il s’avère qu’ils dessinent très bien d’ailleurs – et deux qui écrivent le scénario et les bulles. 

C’est intéressant comme exercice car ils peuvent vraiment se mettre à la place d’un personnage, que ce soit la victime ou la personne malveillante, et mieux comprendre le mécanisme de certaines situations. 

Oui, c’est ça ! Au début, j’étais plus partie sur l’idée de savoir s’ils avaient vécu telle situation ou s’ils connaissaient des personnes qui l’avaient vécues. Et en discutant avec eux, je me suis rendue compte qu’ils avaient aussi besoin de parler de ce qui leur faisait peur, de l’angoisse d’être confrontés à tel ou tel problème. Par exemple, il y a un jeune qui disait qu’il avait tellement peur d’être hacké, qu’on lui vole certaines informations personnelles, qu’au final il en était venu à apprendre comment hacker les autres. Il ne s’était pas rendu compte que ce dont il avait peur, c’était de lui-même en fait. Ces ateliers permettent de mettre des mots sur beaucoup de choses et de déclencher une vraie prise de conscience, certains me disent : “ah oui, je ne voyais pas du tout ça comme ça”. C’est le cas notamment quand on parle du rapport des garçons à la pornographie et de leur vision de la femme. 

Est-ce que les participants vous ont fait des retours ? Que pensent-ils de cet atelier ? 

Oui ! Déjà, je vois qu’ils apprécient le fait que je sois jeune et du coup, ils se sentent en confiance pour prendre la parole plus facilement. Ils me disent qu’il y a des choses qu’ils connaissaient et d’autres dont ils n’avaient pas du tout idée comme par exemple le fait que le cyberharcèlement peut prendre diverses formes et que la limite est fine entre des commentaires désagréables sur les réseaux sociaux et le harcèlement. Je vois également que cet atelier leur a fait prendre conscience que le danger ne concerne pas que les autres et que l’on est tous susceptibles de tomber dans l’un des nombreux pièges du numérique, que l’on soit un enfant ou un adulte, et quel que soit notre milieu social. Il faut toujours rester vigilant, pour soi et pour les autres.

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